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6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 14:31

J’ai eu l’occasion d’avoir hier soir un échange très intéressant avec la psychologue qui me suit (et oui, on ne peut prétendre être psy sans avoir été soi-même un peu analysé !). Nous avons parlé de ma fratrie et plus particulièrement des relations que j’ai avec ma soeur. Je lui ai expliqué qu’elle et moi étions terriblement différentes, et que j’avais toujours eu l’impression que ma sœur était incapable de m’accepter pour ce que j’étais, avec ma sensibilité à fleur de peau, mes doutes, mes remises en question. Elle interprète ces traits de caractère comme une preuve de faiblesse et de fragilité et part du principe que « quand on veut on peut ». Sa vision des choses est particulièrement manichéenne. Elle ne peut entendre mes émotions et mes questions existentielles, elle y est totalement hermétique, sans doute aussi parce que cela pourrait ouvrir une brèche en elle et que, par peur des conséquences, elle se l’interdit. Résultat des courses, nos échanges sont toujours très superficiels et je pense que l’une comme l’autre, nous jouons un rôle l’une avec l’autre.

 

 

Ces différences, et j’ai envie de dire également son intolérance, nous ont séparées au fil du temps. Je ne souffre pas particulièrement de notre absence de relation, j’y suis habituée et m’y suis faite. Par contre, il semble évident que nous aurions sans doute beaucoup à apprendre l’une de l’autre, si nous étions capables d’échanger avec bienveillance et respect.

 

 

Elle a choisi un chemin de vie tout tracé et très « classique ». Elle s’est mariée et a eu trois enfants. Elle a toujours dit qu’elle se marierait à 25 ans et aurait son premier enfant à 28 ans, ce qu’elle a fait. Elle ne déroge pas à ses principes de vie, c’est un peu un bulldozer (l’image n’est pas très flatteuse mais parlante). Elle a des opinions assez fermées sur de nombreux sujets : une vie sans enfant n’a pas vraiment de sens ; il faut savoir ne pas s’apitoyer et ne regarder que les choses positives ; tous ceux qui ne voient pas les choses de la même manière qu’elle sont des extra-terrestres. Son chemin de vie, c’est une autoroute. Je gagnerais sans doute beaucoup à m’en inspirer, moi qui préfère toujours choisir des chemins tortueux avec des cailloux et des crevasses. J’envie sincèrement sa joie de vivre (feinte ou pas, peu importe, c’est ce qu’elle dégage et ce qu’elle cultive), et le fait qu’elle ne se pose jamais aucune question. Elle avance, point barre. Et moi, je trébuche, point à la ligne.

 

 

Mais choisir un chemin de traverse, éloigné de l’A4, n’est-ce-pas une façon aussi de s’approprier la vie ? De se RÉapproprier SA vie ? N’est-ce-pas une façon de mieux s’y retrouver et s’y reconnaître ? Et de mieux se connaître soi-même ? Se casser la figure à cause d’un caillou, ça n’est pas forcément très agréable, mais ça nous apprend à regarder où l’on marche. Et se perdre en cours de route n’est pas une perte de temps, cela équivaut souvent à se retrouver soi-même.

 

 

Je ne peux m’empêcher de penser qu’avoir trop de certitudes est le meilleur moyen pour tomber de très très haut. Que se passerait-il si un jour son mari venait à la quitter ou à la tromper ? Que se passera-t-il le jour où ses enfants, crise d’adolescence oblige, s’opposeront à ses croyances ?  Car sur une autoroute, les jours de tempête, ça secoue aussi pas mal. On adapte sa vitesse, on se met sur le bas-côté ou on continue à foncer droit devant soi ?

 

 

Et concernant tous ceux qui sont en permanence en train de se poser 10 000 questions, qui ruminent en vase clos avec eux-mêmes, et qui systématiquement prennent un chemin qui les ramène à la case départ, n’y aurait-il pas une forme de complaisance derrière tout cela ?  (Attention, je ne parle pas ici des dépressifs, qui souffrent d’une maladie sur laquelle ils n’ont pas ou peu d’emprise). Mais avoir un système de pensée très torturé, cela fait partie de son identité, et remettre cela en question, c’est risquer de perdre gros. Se recréer une identité à 30, 40 ou 50 ans, arriver à se percevoir autrement, à revoir son système de pensée, c’est un sacré challenge.  

 

 

Vous le comprendrez, cet article pose beaucoup de questions sans forcément apporter les réponses ! J’ai trouvé le sujet intéressant et voulais le partager avec vous.  

 

 

Je terminerai sur cette citation de Louis de Grenade, que je trouve fort à propos : « Les uns croient que les autres se trompent de chemin s’ils ne suivent pas le leur.». Comme toujours, il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais » chemin, il n’y a que des chemins de vie.

 

 

Prenez le temps de vous connaître vous-même pour être sûr de suivre le vôtre.  

 

8509252070_4d5de32f64_n.jpgnut*meg - "The road ahead" - Flickr

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commentaires

E
Ha ben moi c'est le chemin des écoliers, voire le sentier des contrebandiers. ^^'<br /> À 33 ans 3/4, je suis inactive (pas au chômage, j'ai démissionné en 2013, pas de chômage), bon j'ai mon AAH, qui est minorée car je suis mariée, séparée, ne voulant pas divorcer malgré la pression de diverses personnes (non mais de quoi elles se mêlent? C'est entre mon mari et moi, c't'affaire!!!), malgré 10 années particulièrement compliquées, malgré une vie entière compliquée.<br /> <br /> Plein plein de questions, tout le temps (mais pas forcément des choix plus cohérents...hu ><)...<br /> Paraîtrait que je me pose trop de questions, moi saucisse.<br /> M'en fous, je sais pas faire autrement, de toute façon.<br /> Juste laisser croire aux autres que ce n'est pas le cas, et c'est malsain, à la fin... ça mène à des tas de quiproquos indésirables...<br /> <br /> Je crois que j'ai fais de la dépression dans ma vie justement à cause du coté "c'est mal vu de se poser trop de questions". Insupportable d'avoir à étouffer tout ça...>> dépression.<br /> <br /> Aujourd'hui je suis assez heureuse de mes questionnements perpétuels... J'aime en tenir compte et ça me fait avancer.<br /> Bon, je vois du pays, hein... mois c'est le GR10 à travers les Pyrénées, je crois, mon chemin de vie... ^^'<br /> Mais... qu'est ce qu'on s’emmerde, sur une autoroute!!!
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M
Bonjour,<br /> Je suis, tout comme toi, incroyablement différente de ma soeur. Et nous sommes jumelle! Je n'ai jamais vraiment saisi la nature de notre relation. On s'aime evidement majs on ne se comlrends pas. Ma soeur est une personne qui aime parler pour parler. Cependant ses sujets de conversation ne son jamais intéressant. Alors que moi je voudrais pouvoir lui parler de sciences, d'histoire et de mythologie, ma soeur ne s'interesse qu'au ragots et autres sujets tellement futile. Comme la plupart des apies (je pense) je ne parle que pour échanger de l'information brute, je pense que si je n'avais pas eu de frère et de soeur jumelle j'aurais été tout simplement incapable d'échanger le moindre mot avec le monde extrérieur. Je n'ai jamais aimé écouter ma soeur, ma mère ni n'importe quelle autre personne de ma fille, parler (bien que cela m'attriste). Cependant je ne le leur ai jamais fait remarquer. Je les toujours ecouter en me forcant à trouver un interet dans ses paroles dénuées de tout intéret. Mais c'est souvent une torture pour moi! Souvent je concentre sur leur expression faciales et leur geste et je les étudie, tout en essayant de preter attention à leur paroles. Souvent j'essaie de leur parler de ce qui m'interesse et de ce que je pense mais je finis toujours au bout du compte à me faire passer pour une alien! J'ai mode de pensée tellement différent du leur.
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S
Les chemins tortueux sont les plus beaux et les plus agréables. <br /> Les lignes droites n'existent pas dans la nature, elles ont été inventées par l'Homme...
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V
Aspie non diagnostiquée, mariée depuis 10 ans, 3 enfants. Ce n'est pas du tout la vie que j'avais imaginée (seule avec un chien), mais les rencontres de la vie (mon mari) m'ont fait prendre d'autres chemins. Je voulais juste partager mon expérience du premier enfant: lorsque j'ai eu mon bébé dans les bras la première fois, j'ai senti un poids énorme sur mes épaules; sa vie était entre mes mains et je n'avais pas le droit à l'erreur. Et le pire c'était de devoir faire semblant d'être heureuse, parce que c'est ce qu'on attends d'une jeune maman, alors que j'avais juste envie de m'effondrer. La première année a été extrêmement difficile pour moi, surtout que d'un coup tout le monde veut venir vous voir, vous donner des conseils. Les intrusions physiques et téléphoniques ne cessent plus, l'horreur. J'ai dû attendre la naissance de mon second enfant + 2 mois pour ne plus subir les autres. J'ai monté des &quot;barrières&quot; et je suis devenue une paria (surtout aux yeux de ma belle-famille). J'ai encore dû attendre la naissance de mon 3e enfant (mon mari a mis 1 an à me convaincre), pour que les &quot;autres&quot; me laisse tranquille: j'avais fait mes preuves, j'avais confiance en moi...<br /> Je ne sais pas comment d'autres aspies l'ont vécu, mais pour moi ça a été très difficile. On est sans cesse épiées, jugées...<br /> <br /> Sinon, merci pour ce que tu fais. Je me reconnais beaucoup dans ce que tu racontes, alors que les émissions sur le SA m'ont toujours l'air exagérées, on dirait qu'ils veulent faire le &quot;spectacle&quot;.
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Z
Encore une fois, totalement d'accord avec toi. C'est dingue comme ce que tu dit fait écho en moi, c'est passionnant, vraiment !<br /> <br /> Suivre sa propre route, quitte à la créer sois même à coup de pelleteuses... C'est tout à fait ce que je fait depuis toujours. J'ai besoin de m'approprier les choses, de leur donner un sens, je suis incapable de me contenter de suivre une route toute tracée par d'autres sans me demander où ça va me mener au bout du compte, sans chercher des &quot;sorties&quot;, des voies qu'on aurait pas encore emprunté, quitte à me manger des bosses et des cailloux. La vie est tellement pleines d'inconnu, de merveilles cachées, pourquoi se contenter d'aller uniquement vers ce que l'ont connait, de suivre bêtement le mouvement ?<br /> <br /> Au sujet des certitudes, encore fois, totalement d'accord. D'ailleurs, il me semble que c'est mon très cher Nietzsche (oula, pas sur de n'avoir pas écorché son nom le pauvre) qui disait ceci : &quot;Les convictions sont des enemis de la vérité plus dangereux que les mensonges&quot;. <br /> <br /> Soyons uniques, soyons créatifs, et suivons chacun notre propre voie. Approprions-nous notre propre vie ! :)
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  • : émoi émoi et moi... Le blog porte bien son nom! Il est avant tout centré sur...moi, ma petite vie, mes coups de gueule, mes envies. J'essaye d'apporter un certain éclairage sur le syndrome d'Asperger trop méconnu en France. Avec humour, toujours. // Ce blog est protégé par les droits d'auteur. Toute reproduction, diffusion, publication partielle ou totale est interdite sans l'autorisation écrite de l'auteur.

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