Il est de ces rencontres qui vous bouleversent et qui ont le pouvoir de changer le cours de votre vie.
Samedi matin. Je suis à un cours de sociabilité pour chiens avec mon Popeye, qui, dès son adoption, a démontré une vive aversion envers ses congénères. Afin que mon petit monstre progresse, j’ai dû me résoudre à l’inscrire à ces cours qui sont une épreuve autant pour lui que pour moi.
Je suis donc là, avec ma semaine de travail dans les pattes, un peu paumée, mal réveillée… mal dégrossie, quoi. J’observe les chiens, qui, naturellement, m'inspirent plus de bienveillance que leurs maîtres. Le cours est bondé, il y a trop de monde, trop de bruit. J’évite soigneusement de croiser les regards des bipèdes qui m'entourent, pour éviter toute amorce de conversation. J’ai hâte que cette heure se termine et je donnerais ma grand-mère pour pouvoir être chez moi, au chaud, en sécurité.
Grognonne, la Pépette.
Et puis je repère deux whippets, magnifiques. J’adore les lévriers. Si ma fatigue chronique ne m’en avait pas empêchée, il est évident que j'aurais choisi cette race. Mais avec mon besoin de repos quasi permanent, un chien aussi sportif qu’un lévrier aurait été malheureux avec une maîtresse comme moi.
Nous commençons à discuter avec le maître d’un des deux whippets. Cela ne me coûte pas, j’en suis la première étonnée. Très vite, il m’explique qu’il est malade et qu’adopter ce chien était aussi un moyen pour lui de soulager sa douleur physique. Sa franchise, son empathie, et ses fêlures m’interpellent. Je lui confie que je suis en cours de diagnostic pour le syndrome d’asperger.
Entre éclopés de la vie, nous nous sommes compris, et reconnus. Chacun son parcours, mais une même envie de vivre. Chacun sa douleur, mais une même façon de l’aborder. Un même besoin de tolérance et d’acceptation.
Le cours à peine terminé, je file à l'anglaise. Fort heureusement, les numéros de téléphone ont été échangés.
Depuis, des mails ont été envoyés. D’autres points communs ont été trouvés. Des questions existentielles ont été posées. Des émotions partagées.
Et nous nous sommes revus, pour une balade au grand air avec nos loulous. L’échange est naturel, nous ne nous encombrons pas de faux-semblants.
Pas le temps.
Pas besoin.
Pas envie.
Le temps est précieux, et une relation comme celle-ci ne doit pas être gâchée par la superficialité.
Je suis MOI. Dieu que c’est rare… et que ça fait du bien ! Une vraie bulle de légèreté.
Pour reprendre sa propre expression, nous sommes "frères d’armes". Tout ce qu’il exprime fait écho en moi, et j’aime à penser que ce sentiment est réciproque. Il a une force de vie qui m’épate, et dont je compte bien m'inspirer. Je pense que nous avons beaucoup de choses à apprendre l’un de l’autre.
C’est un coup de foudre amical. Je suis scotchée par cette chance, inouïe, qui nous est offerte de pouvoir tout partager, sans crainte d'être jugé.
Alors merci au hasard (hasard... ou destinée?) d'avoir placé cette si belle personne sur ma route et de me permettre de faire
un bout de chemin avec elle.