Après mon diagnostic, mon identité autistique a pris une place prépondérante dans ma vie.
Je ne me suis jamais définie uniquement en tant que personne autiste, mais néanmoins cela a occupé une bonne partie de mes pensées, de mon quotidien, de mes activités (le blog, les conférences, le doctorat), de ma personnalité, de mon identité toute entière.
Rien d’alarmant, ni de bien extraordinaire, je pense être simplement passée d’un extrême à l’autre : d’une identité en « coquille vide » (qui suis-je ? où vais-je ? what the fuck ?), à une identité pleine et unique qui était la réponse à mes questions (« autiste »).
J’ai complètement fusionné avec ce diagnostic tant il faisait sens, et j’observe que beaucoup d’autistes diagnostiqués à l’âge adulte vivent ce même genre de processus.
Mon identité post-diag (Admirez la qualité de cette slide! Oui j'ai bac+5 en power point, je vous rappelle que j'ai fait une école de commerce. Classe.)
Depuis quelques mois, je remarque en moi un changement. Petit à petit, naturellement, je me suis éloignée de cette identité qui devenait un poil réductrice et étouffante, et je me suis réconciliée avec d’autres pans de ma personnalité que j’avais complètement mis de côté.
En ce moment je suis aussi (et surtout) une femme qui sort faire la fête les samedis soirs (si si ! ça existe des autistes qui sortent en boîte), qui picole, qui rigole, qui se lève 3 fois par semaine à 6h du matin pour aller donner des cours à la fac, qui rêve de sa thèse la nuit (je fais des infidélités à Bradley – pardonne-moi Bradley), féministe dans l’âme et militante acharnée. L’autisme occupe toujours une place dans ma vie, mais la place qui lui revient.
Une place pondérée, mesurée, en toile de fond.
J’ai le sentiment d’avoir aujourd’hui une vie plus sereine, plus équilibrée. Cette identité en kaléidoscope me convient mieux. Et c’est un vrai bonheur de constater que plus le temps passe, plus je m’apaise.
Certains aiment leur banque.
Moi j'aime ma vie.