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8 juillet 2015 3 08 /07 /juillet /2015 21:17

Il m’est souvent arrivé d’entendre de la part de professionnels des échos au sujet de personnes qui s'imaginent / se veulent / s'espèrent autistes Asperger alors qu'elles ne le sont point du tout. Jusqu’à présent, je n’y avais guère prêté attention. Je me confortais dans l’idée qu’il s’agissait certainement d’une exagération, et que ces quelques illuminés ne pesaient de toute façon pas bien lourd dans la balance face aux dizaines (centaines ?) d’individus réellement Asperger et pourtant non diagnostiqués.

 

Vous le savez, les aspies non diagnostiqués représentent pour moi le cœur du problème et ont toujours accaparé toute mon attention. Il faut dire aussi que je n’avais jusqu’à récemment jamais croisé de « faux autistes ». J’avais le sentiment qu’il s’agissait d’une boutade que les professionnels se racontent entre eux, une sorte de mythe monté en épingle. Et j’avoue qu’il était aussi peut-être plus confortable pour moi d’imaginer qu’il en soit ainsi. Jusqu'à ce que je me retrouve face à face avec un très beau spécimen. Et quand on a le nez dans son caca, il n'est plus possible de faire la politique de l'autruche. A moins de mourir dans d'atroces souffrances olfactives.

 

Pourquoi une personne non autiste pourrait-elle vouloir être reconnue comme tel ? Quelles motivations pourraient bien expliquer – à défaut de justifier – une telle volonté? Certains diront qu’être Asperger c’est « à la mode », voire même « sexy ».

Sexy ?

Ces autistes qui n'en sont pas

Vraiment ?

 

Alooooooors… Excusez-moi de vous demander pardon, mais je crois qu’il règne une très très légère confusion autour de l’utilisation du terme « sexy ». Afin que l’on parvienne à s’y retrouver dans cet embrouillamini, il m’a semblé opportun de vous apporter une illustration concrète. Ne me remerciez pas, c’est cadeau.

 

Ryan Gosling enduit d’huile de coco qui fait un strip-tease dans mon salon sur un mix de Martin Garrix : SEXY.

François Hollande qui danse la lambada en string panthère : PAS SEXY.

 

J’espère que ceux qui avaient quelques doutes auront compris la nuance… NON un diagnostic de syndrome d’Asperger n’a rien de sexy, tous ceux qui vivent avec au jour le jour vous le diront. Etre aspie dans une société normative et ignorante comme la nôtre est, au mieux, lourd à porter, au pire, carrément stigmatisant. Croire l’inverse est franchement insultant pour tous ces aspies qui galèrent et se battent du mieux qu’ils le peuvent pour s’intégrer. Et puis je n’ai personnellement jamais connu un homme qui soit pris d’une irrépressible envie de moi à l’évocation de mon diagnostic. (Evidemment si mes lectrices aspies ont une toute autre expérience de la chose, j’EXIGE qu’elles cessent la lecture de cet article séance tenante pour me raconter ça en détail !)

 

L’étiquette « SA » peut aussi apporter une réponse facile à ceux qui se posent des questions existentielles, qui ont envie d’attirer l’attention, et/ou n’ont pas le courage de procéder à une réelle introspection afin de se remettre en question. « Non je ne suis pas paumé je suis autiste », « Non je ne suis pas mal élevé je suis autiste », « Non je ne suis pas fainéant je suis autiste ». Je trouve cela affligeant. Non seulement ils se desservent, mais surtout ils accablent une communauté minoritaire qui a déjà bien du mal à se faire entendre pour le respect de ses droits les plus élémentaires. En agissant de la sorte, ils nous confisquent de façon illégitime une part de notre identité, de notre parole et de notre crédibilité, et ce, en toute impunité. On s’en passerait bien !!

 

Alors vous là, oui vous, messieurs-dames les faux autistes, si vous avez ne serait-ce qu’un tant soit peu de respect pour le combat acharné que nous menons, vous êtes priés de passer votre chemin et de trouver ailleurs les pièces manquantes à votre puzzle identitaire.

 

Et tant qu’on y est, sachez vous me collez autant la nausée que la vision de Hollande en string panthère. Ce qui n’est pas peu dire.

 

A bon entendeur, salut.

Je vous invite également à lire cet article . La fille pas sympa va encore plus loin dans la réflexion et donne matière à débattre. Je l'en remercie. 

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commentaires

A
Sérieusement j'ai un fils autiste et je ne savais qu'être autiste était tendance que des gens voulaient être autiste.
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T
Bonjour, il m'arrive régulièrement de "boguer" sur les auto-dx qui se proclament autistes. Certains me diront oui, c'est mon droit de croire que je suis autiste, mais je refuse catégoriquement d'aller chercher le diagnostique. Cette mode d'être différent devient insupportable par moment à porter. Sujet tabou qui demande de l'ouverture d'esprit. Qui a dit que nous pouvions nous auto diagnostiquer de qqch et que c'est valable.
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C
Bonjour bonsoir, <br /> <br /> Je comprends que vous défendiez les gens autistes contre des usurpateurs, mais je trouve que votre article peut renforcer le doute des personnes diagnostiquées autistes qui n’intègrent pas ce diagnostique (comme c’est mon cas) ou qui sont en recherche de réponses à leur différence et leur mal-être. <br /> Par exemple, quand vous dîtes : <br /> « L’étiquette « SA » peut aussi apporter une réponse facile à ceux qui se posent des questions existentielles, qui ont envie d’attirer l’attention, et/ou n’ont pas le courage de procéder à une réelle introspection afin de se remettre en question. « Non je ne suis pas paumé je suis autiste », « Non je ne suis pas mal élevé je suis autiste », « Non je ne suis pas fainéant je suis autiste ». Je trouve cela affligeant. Non seulement ils se desservent, mais surtout ils accablent une communauté minoritaire qui a déjà bien du mal à se faire entendre pour le respect de ses droits les plus élémentaires. En agissant de la sorte, ils nous confisquent de façon illégitime une part de notre identité, de notre parole et de notre crédibilité, et ce, en toute impunité. On s’en passerait bien !! » »<br /> Cela me fait sentir comme ces « ceux » car je me dis : « et si j’ai fait en sorte de rentrer dans les codes autistiques pour avoir un diagnostique et pour avoir une réponse à mon mal-être, même si ce n’est pas la bonne j’en ai une… ». Je me le dis d’ailleurs toute seule, mais ce passage vient renforcer ce questionnement!<br /> Je pense qu’en écrivant ces lignes, des autistes, diagnostiqués ou non, en questionnement peuvent se reconnaître dans ses usurpateurs et que l’article peut avoir un effet de serpent qui se mord la queue ! <br /> En lisant les commentaires, j’en ai lu certains qui exprimaient globalement le même sentiment que moi. A certains vous avez répondu : <br /> «… Vous pourrez relire l'article à tête reposée, les seules personnes que je condamne sont celles qui ne sont PAS autistes et qui mentent sciemment. Et il y en a, malheureusement, ce qui dessert toute la communauté (les autistes diagnostiqués comme les non diagnostiqués) »<br /> Je vois ce que vous voulez dire mais je ne trouve pas que c’est bien explicité dans votre article, notamment l’idée que ces faux autistes le fasse sciemment : je trouve que l’extrait que j’ai évoqué plus haut relate un mal-être, des angoisses qui ont trouvé une mauvaise réponse dans ce syndrome et également un mauvais usage de se savoir autiste, une excuse qui donnerait droit à un laissé-passé et un laissé-allé sous prétexte de cette particularité.<br /> <br /> En tout cas merci pour ce que vous faîtes.<br /> Ps : le string léopard est rédhibitoire, même pour Ryan Gosling !
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L
Hello Julie et hello a tous !<br /> A la lecture de cet article je me pose une question : comment, de l'extérieur, reconnaitre une femme asperger qui a mis en place des stratégies et une femme qui se fantasme autiste ? A part quand on est professionnel évidement. <br /> Personnellement je serais bien incapable de le faire... Mais j'espère y arriver grace a votre réponse !<br /> Merci beaucoup =)
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A
Bonjour Julie,<br /> tout d'abord je tiens à te remercier car c'est toi qui m'a ouvert la porte de la connaissance du syndrome d'Asperger. J'ai commencé à comprendre ce terme dont j'avais vaguement entendu parler en lisant ton interview dans Causette, puis ta BD, puis j'ai lu jusqu'à l'obsession, parce que j'ai toujours été comme ça avec les livres, une grande partie de la littérature qui existe en français, sur le sujet. ça a fait tilt dès mes premières lectures, c'est moi, c'est mon histoire qu'on raconte. Je me suis prise à pleurer en lisant ces ouvrages, à ressentir des choses, tellement de choses... de la peur au soulagement... de la joie même, oui de la joie, parce que pour la première fois de ma vie je me suis sentie comprise, faire partie d'un ensemble, chose qui ne m'était jusque-là jamais arrivé. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie à part, décalée, pas à ma place. Je ressens un profond mal-être depuis toujours, cette impression que quelque chose ne va pas chez moi, avec tout ce que ça peut amener de questionnements, de peur, de malheur, de répercussions sur ma vie, sur ma santé, etc... Depuis toujours je cherche les causes de ce mal-être, de cet état... J'ai vu des psys, j'ai pris des anti-dépresseurs, des anxiolytiques, ma bibliothèque est remplie de livres de philosophie, de développement personnel, de remèdes naturels, de techniques de méditation, etc, etc... tout ce qui existe et qui pourrait m'aider à me sentir mieux... A trouver ma place, enfin...<br /> Et quand je lis ton article, j'ai mal.<br /> Tout ce que je lis sur le syndrome d'Asperger me conforte dans ma conviction profonde que c'est moi qu'on raconte. Et ce qui me fait du bien par dessus tout c'est de voir, enfin, que ce n'est pas que moi. Pour la première fois de ma vie je ne suis plus seule.<br /> Ce passage notamment me blesse :<br /> <br /> "L’étiquette « SA » peut aussi apporter une réponse facile à ceux qui se posent des questions existentielles, qui ont envie d’attirer l’attention, et/ou n’ont pas le courage de procéder à une réelle introspection afin de se remettre en question. « Non je ne suis pas paumé je suis autiste », « Non je ne suis pas mal élevé je suis autiste », « Non je ne suis pas fainéant je suis autiste ». Je trouve cela affligeant. Non seulement ils se desservent, mais surtout ils accablent une communauté minoritaire qui a déjà bien du mal à se faire entendre pour le respect de ses droits les plus élémentaires. En agissant de la sorte, ils nous confisquent de façon illégitime une part de notre identité, de notre parole et de notre crédibilité, et ce, en toute impunité. On s’en passerait bien !!"<br /> J'ai pris rdv chez un psychiatre spécialiste du SA. Selon ses conclusions je pourrai ou non faire un diagnostic au CRA, ce qui, si j'ai bien compris, me sera impossible avant 2-3 ans.<br /> J'ai passé 33 ans à me demander qui je suis, pourquoi je n'étais pas comme les autres, à souffrir à m'en taillader les bras, à presque vouloir en finir, à me rendre compte que je n'avais ma place nulle part, que je ne faisais pas partie de ce monde, que je n'étais pas faite pour celui-ci.<br /> J'ai cherché, par tous les moyens, à comprendre ce qui n'allait pas chez moi, j'ai tout fait pour tenter de m'améliorer et m'adapter. Ces efforts ont été d'ailleurs couronnés de succès; extérieurement l'illusion est parfaite. <br /> Intérieurement c'est une autre histoire.<br /> L'attente va être longue avant de savoir. Pour autant, suis-je un imposteur de me sentir, pour la première fois de ma vie, chez moi ? A ma place ?<br /> Je ne dis pas qu'un diagnostic positif sera la solution. Tout ce que je découvre sur le SA m'apporte autant de questionnements et de peurs que de réponses. Mais je commencerai enfin à savoir qui je suis, après toutes ces années de quête pour savoir ce qui n'allait pas chez moi.<br /> Est-ce que pour autant je mérite d'entendre que je cherche à attirer l'attention ? Que je n'ai pas le courage de procéder à une réelle introspection afin de me remettre en question ? Je ne le crois pas. D'autant que ce courage je l'ai eu. Je ne fais que ça depuis quelques années. Je ne cherche d'ailleurs pas non plus à attirer l'attention. J'ai d'ailleurs une foule de questionnements, de peur et de doutes quant à l'après diagnostic, si celui-ci s'avère positif.<br /> Mais pour l'instant je suis dans l'entre deux. Je suis au fond de moi sincèrement convaincue tellement ça résonne en moi. Et pourtant ce doute, cette peur qui ne fait qu'augmenter quand je lis cet article, et surtout la virulence avec laquelle tu t'exprimes : Et si ce n'est pas ça ? Qu'est-ce qu'il me restera ? Qui suis-je ? Ai-je ma place dans ce monde ? <br /> Quelle place pour nous les "entre deux" ? Celles et ceux qui se reconnaissent dans ces particularités que vous les "diagnostiquées" osez aborder ? Quelle place pour nous qui, sans ce sésame du diagnostic, ne sommes pas vraiment pris au sérieux ? Devons-nous nous taire durant ces longues années, en attendant le diagnostic, parce que nous n'avons pas la légitimité de parler ? Quelle voix avons-nous ?
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M
Tu n'as pas compris, ou mal compris. Ce ne sont pas les non-diagnostiqués qui sont visés, ce sont ceux qui voudraient être Asperger mais qui ne le sont clairement pas.<br /> Vu ce que tu indiques, tu as toute légitimité pour t'exprimer.
L
Je vous rejoins... Je me pense aussi sincèrement, je me sens aussi sincèrement SA... Je ne le veux pas spécialement non plus, alors oui, pour moi de l'accepter comme possibilité est une libération (donc oui positif) pour répondre à l'article, cela reste une souffrance que ce vécu quotidien mais tout comme la douance (avec THQI) ce n'est pas un fardeau en soi, c'est bien ce qu'en fait la société. <br /> Je n'ai pas votre âge mais je comprends tellement votre commentaire... Je suis tellement en accord avec. Je rajouterais que, pour mon cas, si ce n'est pas le SA, juste le THQI... Eh bien non. Je ne me sens pas complète, je ne me sens pas libre d'être moi. (oui libre de penser SA et accepter ce fonctionnement, libre parce que prise de conscience des compensations et donc possibilité de les désamorcer). <br /> Je suis d'accord, je sais que les blogueurs n'ont pas de mauvaises intentions en disant cela, nous avons le même problème chez les surdoués (ceux qui prétendent l'être tout en sachant que non). Sauf que ce genre d'article nous met bien le doute si l'on a de véritables questionnements et que l'on doute vraiment de la possibilité du SA. J'en étais sûre hier, j'en doute aujourd'hui. <br /> Ce n'est pas sexy, c'est mal accepté en société, je ne veux pas l'être absolument, ni être au centre de l'attention au contraire, cela dit il explique pas mal de choses et le savoir permet de sortir parfois de dépressions, TCA, anxiété que même une thérapie ne règle pas. Donc pas si négatif. Je soutiens votre commentaire même si le reste du blog m'intéresse et les vidéos me plaisent.

Présentation

  • : Le blog de emoiemoietmoi
  • : émoi émoi et moi... Le blog porte bien son nom! Il est avant tout centré sur...moi, ma petite vie, mes coups de gueule, mes envies. J'essaye d'apporter un certain éclairage sur le syndrome d'Asperger trop méconnu en France. Avec humour, toujours. // Ce blog est protégé par les droits d'auteur. Toute reproduction, diffusion, publication partielle ou totale est interdite sans l'autorisation écrite de l'auteur.

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